CALVIN RUSSELL, cet authentique lonesome cowboy en marge de la société américaine a été rattrappé par ses excès en ce mois d’Avril 2011. Simple marginal fumeur d’herbe avec son groupe Characters pour les Amerlockes du coin, il est repéré accidentellement par le responsable du label New Rose, Patrick MATHE, dans les années 1990. S’en suit la carrière que tout le monde connait en France, enchainant album à succès depuis le “Crack in time” à “Soldier” et jusqu’au dernier “Contrabendo” en 2011. Un pur marginal Texan que l’on comprend très bien vu la mentalité reignant à Austin dans les années Reagan. J’avais été choqué par la sympathie non feinte du bonhomme lors de l’émisson One point shot, à 100 lieues de son image sulfureuse : un cow boy hippie en quelque sorte !!
Laissons le mot de la fin à Patrick Mahé.
La carrière de Calvin Russell démarre tardivement, mais très fort; “A Crack in Time”, son premier album sur New Rose reçoit un accueil unanime, qui propulse cet obscur Texan, persuadé quelques mois plus tôt que sa carrière musicale était terminée, vers un succès aussi rapide qu’inattendu.
A l’origine, “A Crack in Time” était sensé être le deuxième album des Characters, son groupe, le premier étant sorti en Allemagne sur Line Records dans l’indifférence générale, mais je tiens à ce qu’il sorte sous le nom de Calvin Russell, dont le talent et le charisme dépassent largement le statut de chanteur d’un groupe au nom plutôt banal .
La suite logique au succès d’un disque est, bien entendu, la tournée.
Or, Calvin n’a jamais tourné de sa vie. Quelques apparitions dans des clubs de seconde zone d’Austin et ses environs devant un public clairsemé, rien de plus, le premier album des Characters n’étant même pas sorti aux USA. Et subitement, voilà qu’on l’invite à tourner en France !
Le premier concert, a lieu au Kremlin Bicêtre, quartier général de New Rose à l’époque, dans le cadre du festival des 10 ans du label. Inutile de dire que Calvin et ses acolytes sont morts de trac; ils n’ont jamais joué dans une vraie salle, avec une vraie sono, et un public de plusieurs centaines de personnes, qui en plus sont fans et connaissent déjà tous les morceaux par coeur.
Le groupe est composé des frères Waddell à la rythmique, deux fous furieux qui sont aussi teigneux derrière leurs instruments que dans la vie, et de l’incroyable Gary Craft à la guitare, un immense olibrius sorti tout droit du psychédélisme. C’est la formation originale des Characters.
Le trac qui les ronge sert de détonateur; d’entrée ” Living at the end of the Gun”, du premier album des Characters, mais que j’avais inclus dans “A Crack in Time”, donne le ton d’un concert survolté, qui surprend ceux, y compris moi, qui s’attendent à entendre un songwriter plutôt serein et intimiste.On se croirait au Saxon Club à Austin (le seul club où les Characters peuvent se produire à peu près régulièrement) !
Ce concert est à la fois le dernier concert des Characters et le premier concert de Calvin Russell, et c’est ce qui le rend unique. Si, comme beaucoup, vous avez Calvin découvert avec “Songs from the fourth world” ou “Soldier”, vous ne l’avez jamais vu un tel concert. Ce live au Kremlin, c’est le baptême de feu d’un Texan sorti de nulle part, qui n’avait jamais imaginé chanter devant un public conquis, à des milliers de kilomètres de chez lui. Il est encore timide, parfois maladroit mais son immense talent éclate déjà à chaque morceau; il a besoin d’être rassuré par son groupe, il a du mal à réaliser que tous ces gens sont venus pour lui, que dans quelques mois il sera considéré comme un chanteur/ songwriter majeur. Ce soir là, une star est entrain de naître. Vous connaissez la suite.
Patrick Mathé
Enfin une vidéo lors de l’enregistrement de son album “Unrepeatant” à Marrakech et un nulle part ailleurs pour ses 44 ans
http://www.youtube.com/watch?v=zKEMfFrVLnU
Bonsoir,
Je découvre à l’instant cette page qui évoque Calvin Russell que j’ai moi-même découvert depuis peu. C’est curieux il y a des gens dont on sait qu’il sont ailleurs qu’ici bas mais leur présence ne peut pas s’en aller ailleurs que dans nous. Je viens d’écouter “a man in full” et juste avant “le voyageur” qu’un ami m’a offert. Merci à Alain Yver qui nous permet de vivre ces morceaux de sa vie partagés avec les autres dans une simplicité, une humilité rares, un talent et une présence que le temps ne cesse de rendre invulnérable. Je pourrais écrire longtemps mais c’est lui qui nous écrit encore et toujours….
A bientôt,
Carmen Pelo – LYON – 07/02/2013